Zineb Laouedj - Traduction de l’arabe dialectal par l’auteur
Nouara la folle
Elle lance son cri affolé
Elle défait ses cheveux
Elle les répartit entre les filles de la tribu
Elle s’assoit sur le seuil
Son giron offert au vent
et attend qu’y tombent
les étoiles
et la blancheur de la lune
Elle attend de devenir tronc d’olivier
ou branche de palmier
On lui a dit
que la lune
est une femme
accrochée
par traîtrise
par les yeux
Elle lance son cri, la folle
fille de la folle,
Elle défait ses cheveux
Elle les répartit entre les filles de la tribu
Elle pleure et se lamente
Elle gémit
Elle pousse son cri affolé
Le frère est le frère de sa femme
Elle a offert
sa poitrine au corbeau
pour qu’il en traie
tout le lait. Elle a révélé, en ces temps maudits, que le frère
n’est plus frère
de sa femme
ni frère de sa sœur
Fillette ils m’ont répudiée
Comment vais - je devenir femme ?
Elle a crié
Moi la folle
fille de la folle
Elle a jeté son visage au feu, le feu de son feu s’est brûlé
elle, sublime, est restée
au milieu des braises
Avec la mousse de la cendre elle a fait ses ablutions
et elle a prié sur une tombe oubliée
des femmes hantées par la tristesse depuis la nuit des temps
une stèle pour s’adosser
Debout, tel un saule
droit dans le ciel
Elle a offert sa poitrine
au corbeau
pour qu’il en traie
tout le lait
Elle a révélé, en ces temps maudits
que le lait de la mère
a le goût de l’eau
mais aussi celui du laurier-rose
et de tout ce qui est amer
Elle a crié, crié
de son cri affolé
jusqu'à ce que le hululementdu hibou
retentisse dans le désert
Fillette ils m’ont répudiée
Comment vais-je devenir femme ?
Moi la folle
fille de la folle
en ces temps maudits
le frère ne jure plus
au nom de la saveur du sein
et du lait.
(Alger - Hiver 1993.)
1 commentaire:
pourquoi, et au nom de quoi tant de souffrances!!!!!!!! bab
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