"Vint un temps où le risque de rester à l'étroit dans un bourgeon était plus douloureux
que le risque d'éclore." Anaïs Nin

dimanche 14 septembre 2008

le carré de Septembre: Frida Kahlo


Frida ma belle,

J'ai choisi la toile douce, celle que chez nous on appelle toile à beurre...je l'ai plongée dans un bain de curcuma, de fleur de sel, d'eau pure à laquelle j'ai ajouté une pointe de piment pour donner plus d'éclat à la couleur...j'ai teint, étiré les fibres comme l'auraient fait les femmes de ton pays...j'ai rincé avec des huiles essentielles ...tu aimais les parfums...
Je t'ai voulue lisse et violente à la fenêtre de la casa azul, je t'ai offert des fleurs rouges, des oiseaux multicolores...
J'ai choisi les perles artisanales, les ferrures, les rubans multicolores et les taches couleur de sang de la peinture...
Je n'ai rien oublié, ton corps déchiqueté, Lénine et les autres, la folie , la dérision, l'absurde...la couleur encore et toujours...
Je n'ai pu enlever le carcan métallique qui t'enserre, j'aurais tant aimé...

Le monde a bien changé, en bien ou en mal, je ne sais trop...
mais tu nous manques Frida...
enfin, ce n'est pas grave , je sais qu'un de ces jours la porte s'ouvrira avec fracas, tu entreras échevelée et rieuse en disant "ma copine chérie, j'ai reçu ta lettre ça fait une masse de siècles !"

Ne t'inquiéte pas "les grenouilles continuent à chanter pour nous_et notre rivière attend..."